Jean Cras est un être dont le destin peut à loisir susciter l'imagination. Lorsqu'il meurt en 1932, il est contre-amiral, major général commandant le port de Brest, après une brillante carrière dans la Marine. Il laisse quelques brevets d'invention, dont sa fameuse règle (dite règle de Cras) qui n'a cessé d'être utilisée par les navigateurs jusqu'à l'invention de la calculatrice électronique. Compositeur, il laisse une oeuvre d'une exceptionnelle qualité : un opéra Polyphème, loué par la critique après sa première représentation à l'Opéra Comique, des oeuvres symphoniques (mes d'enfant, Journal de bord, Concerto pour piano) et lyriques (l'Offrande Lyrique d'après Rabindranath Tagore, Fontaines), de la musique chorale, des mélodies et de nombreuses oeuvres de musique instrumentale (piano, violon, harpe) et de musique de chambre (trio, quatuor, quintettes). L'homme est aussi marié, père de quatre enfants. Les oeuvres pour piano sont regroupées en trois ensembles : les Poèmes Intimes, cinq pièces écrites entre 1902 et 1910, les deux Paysages de 1917, et quatre Danze, le cycle le plus important sur le plan de l'unité et du développement (1917). Ajoutons à cette liste les deux Impromptus primitivement écrit pour harpe (1925), mais dont l'auteur a aussi prévu l'exécution au piano, ainsi que les mes d'enfant (1918), dont il existe trois versions : orchestre, piano 4 mains, et piano 6 mains (les six mains de ses trois petites filles).